mardi, octobre 31, 2006

♠ Mon année d'échange à Taiwan.

Il me faut rattrapper le temps perdu, déjà un mois et demi que je suis à Taiwan, pour une année d'échange à l'Université Nationale Sun Yat-Sen de Kaohsiung (中山大学), dans le cadre de ma 4è année à l'IEP.

Voici quelques vues du campus, superbe, situé au bord du détroit de Taiwan :


l'Entrée de l'Université ;

* * * * *

Mon Bolide (au milieu, en blanc !) ;

Et quelques photos du Village International, sur le Chemin des Dorms...

Vue sur le Détroit... Au loin, les missiles chinois ?...

Enfin ma petite Chambre, que je partage avec une autre Française, Farida.

♥ Mes origines, mon identité.

J’en viens à cette rencontre avec ma mère coréenne, et toute ma famille. C’est un peu personnel de parler de ça, mais je me souviens que tout au long de ma (courte) quête vers mes origines, j’avais lu quelques témoignages d’adoptés coréens, certains n’avaient rien trouvé, la majorité en fait.
Il ne faut pas trop espérer, les chances sont minces, se dit-on. Il faut se préserver, éviter une trop grosse déception. Je ne retournais dans mon pays, que "par curiosité" ; c’est ce qu’on dit en général, mais on ne le pense pas.

Je suis allée en Corée pour un stage de deux mois au Centre Culturel Français de Séoul, l’occasion enfin de commencer des recherches sur mes Racines Coréennes.
Je n’ai plus rien de coréen depuis belle lurette. Je suis arrivée en France à 13 mois, ma mère coréenne m’a confiée à l’adoption quand j’avais dix mois. Et jusqu’à il y a deux ans à peu près, je ne m’intéressais pas plus que ça à mon pays de naissance ; quelques élans de patriotisme de circonstance, quand j’appris que la Corée était un des quatre Dragons d’Asie à la croissance rapide, ou lors de la Coupe du Monde 2002 ; mes héros s’appelaient alors Anh, Seol, Park, etc.
Depuis deux ans, j’apprends à redevenir coréenne. Je lis l’Histoire de mon pays, je découvre la Corée moderne à travers la "vague coréenne" et j’aime les films de Kim Ki-Duk, le réalisateur tourmenté.

J’ai obtenu un rendez-vous à l’orphelinat Holt le 3 août 2006, après plusieurs mails envoyés. Ils sont débordés, sans doute que pendant les mois d’été, c’est l’occasion pour beaucoup d’adoptés de venir faire des recherches en Corée. J’avais dans l’idée que Holt faisait de la rétention d’information, que le job de Mrs Park consistait à en dire le moins possible, pour protéger la mère biologique.
En Corée, c’est une honte nationale d’avoir exporté des bébés par régiments. A mon époque, dans les années 1980, la Corée était le premier « pays fournisseur » de la France.

En l’absence de Mrs Park, la dame référente, Mrs Lee m’a reçue. Elle m'a emmenée dans une petite pièce au rez-de-chaussée, puis elle est allée chercher mon dossier jaune. Il était assez épais, mais j'ai eu le droit à l'explication de quelques feuillets seulement. Elle m'a mis sous les yeux cette page intitulée “Confidential Background Information” qui raconte les circonstances de mon abandon ; ce sont les seules informations probantes qu'elle me donnera. Pour moi, c'était beaucoup, je pensais que j'avais de la chance d'avoir tout ça dans mon dossier. Il n'y avait pas de détails, c'était très général, mais comme jusqu'alors, je ne savais rien du tout, cela représentait déjà une foule d'informations.

Ma mère ne m'a pas abandonnée comme on dépose son enfant devant un couvent, sur le pas d'une église ou dans une décharge publique, elle m'a confiée à l'orphelinat, pour mon bien-être futur, parce qu'elle n'avait pas la capacité de m'élever seule. Elle a consulté le travailleur social de Holt. Ce fut sans doute une décision difficile, raisonnable, pour que je mène une vie heureuse.

J'ai donc eu des nouvelles de ma mère biologique le 16 août 2006, jour de mes 22 ans.
En fait, tout est allé si vite. J'ai d'abord traîné les pieds pour me rendre à Holt. Le 3 août, j'ai pu avoir mon entretien et en savoir un peu plus sur les circonstances de mon abandon. J'ai mis quelques jours à m'en remettre. Et puis la vie a repris son cours, j'avais ensuite l'esprit occupé ailleurs. Le 15 août, je songeais qu'il faudrait peut-être que je me bouge un peu, que je recontacte l'Association GOA'L pour qu'on aille faire un tour dans le premier orphelinat où je suis passée, à Star of the Sea Baby Home à Incheon, pour obtenir des informations qu'Holt refuserait de me donner. Je pensais aussi me rendre à l'hôpital où je suis née à Boocheon, car ma mère qui pensait me garder quand je suis née, a forcément laissé son identité à l'époque. Et puis non, plus besoin d'effectuer toutes ces démarches. La quête est terminée, je l'ai à peine entamée, j'ai à peine réalisé que je pourrais un jour voir ma mère.

Min-Jin, ma collègue au Centre Culturel m’a été d’une aide précieuse pour préparer la rencontre avec ma mère ; elle m’a accompagnée le jour J pour la traduction.
La veille, je me suis achetée une belle paire de chaussures, sur les conseils de Nicolas, l’autre adopté de Bibahill. Et puis je suis allée à City Hall, sans vraiment me rendre compte que ce jour compterait parmi les plus mémorables de ma vie.
Pour commencer,
un petit retour en arrière...


Mon périple en Asie a commencé fin juin dernier, par la Corée du Sud, mon pays bien-aimé. Ce n'était pas un "retour aux sources", car encore aurait-il fallu que ce pays me rappelle des souvenirs ; mais j'en suis partie bien trop tôt. C'était une plongée dans "ce qu'aurait pu être ma vie, mais il n'en fût rien", avec son lot d'émotions, de découvertes agaçantes ou amusées.

Séoul est une ville gigantesque, très hostiles aux étrangers tout juste débarqués. Je pensais, ou en réalité j'espérais que j'allais retrouver une vieille connaissance, un passé enfoui mais qui ressurgit, des odeurs, des sons familiers, quelque chose comme ça... Ma Terre natale, chère à mon coeur ! Et puis courir à sa rencontre, bien heureuse, et lui sauter dans les bras !...
Je ne me suis jamais sentie aussi perdue, aussi étrangère. Et les Coréens qui ne me voyaient pas parce que j'étais simplement une Coréenne de plus parmi la foule des passants. Et puis une grande ville comme ça, ça s'apprivoise, et on commence à l'aimer tendrement, petit à petit, parce qu'on apprend à la connaître, parce qu'on y fait des rencontres et qu'on y vit des choses qu'on n'oubliera pas.

Séoul, c'est quelques "hauts lieux touristiques" :

le Palais Gyeongbokgung ;

la Rivière artificielle du centre de Séoul (j'ai oublié le nom coréen), projet controversé mais réussi du précédent maire ;

la Porte de Namdeamun, tout près du marché du même nom (le Centre Culturel Français où j'étais en stage se trouve juste en face).

Séoul, c'est le Hangul, qu'on apprend à lire en une matinée, enfin il parait... ;

Séoul, c'est des employés en colère, même sous le pluie...

Au hasard des balades, on tombe sur la Place de Berlin, avec un morceau original du Mur de Berlin. C'est un présent offert par la capitale allemande, avec l'espoir sincère d'une réunification coréenne à l'image de l'Allemagne réunifiée. La place n'est pas bien jolie, mais c'est assez émouvant pour quiconque souhaite la réparation de cette "anomalie de l'Histoire".

A Séoul, les Coréens sont fashion sinon rien, les Coréennes très coquettes, et s'il faut en passer par la chirurgie...

Séoul, c'est aussi des rencontres avec des Coréens. En voici de Bibahill, ma maison :

Mercredi 16 Août : je fête mon anniversaire avec mes amis de Bibahill.

Le même jour, j'apprends qu'Holt est entré en contact avec ma mère coréenne et que je vais la rencontrer très vite.